vendredi 13 février 2009


Dimanche 8 février

Il fait dimanche à Belém, comme dirait l’ami Cendrars et quelque chose dans l’air est plus léger, plus translucide dans une tranquillité bleue. Les rues sont presque vides et silencieuses sauf en plein centre, Praça da Républica, où l’on a l’impression que toute la ville s’est donnée rendez-vous, se réunit et se donne en spectacle. À la fois marché d’artisanat et de petites choses à grignoter, lieu d’exhibition et de spectacles: capoeira, musiques..., territoire de rencontres la Praça da Républica le dimanche est l’endroit où il faut passer pour retrouver tout le monde et passer un moment agréable à fureter dans les étals, à boire un verre au traditionnel “Bar do Parque” qu’ont chanté poètes locaux et écrivains de passage, à regarder danseurs et lutteurs.

Il y a ici un artisanat populaire très créatif: des bijoux, par exemple, à base de graines, de plumes d’oiseaux, voire de peau de serpent, d’os... des figurines en caoutchouc naturel, des calebasses ornées de motifs indiens, des parfums rustiques à base d’essences de plantes, des instruments de percussion....Les modèles changent, les créateurs font preuve de beaucoup d’ingéniosité et de savoir-faire. En ce moment, par exemple, ils incluent graines, feuilles et plumes dans une résine transparente pour faire de beaux pendentifs.

Je fouine dans tout ça, discute avec les artisans. La foule est compacte, animée, on s’interpelle, on se salue avec effusion. Bien sûr il y a aussi les inévitables gadgets chinois clignotants mais, grâce à Dieu, ils n’ont pas encore tout envahi. La Praça da Républica le dimanche à Belém est le signe d’une culture populaire très vivante. Et c’est ce qui frappe ici : les gens sont très attachés à leurs modes de vie, prennent un vrai plaisir à leurs coutumes alimentaires ou autres, sans “folklore” excessif.

Plus tard nous irons manger une “caldeirada”, une chaudronnée de poisson, dans un restaurant populaire sans manières, à la “Peixaria do Careca”, (La poissonnerie du chauve), il s’agit d’un ragoût mijoté de poisson dont cet établissement a le secret: très simple en apparence, divin en réalité. Et on laisse traîner l’après-midi entre deux averses, on se promène au bord du fleuve où rouillent et se décomposent lentement dans la vase des vieux bateaux à l’abandon où nichent des vautours . De l’autre côté c’est la forêt, d’où s’envolent de temps à autre, d’élégantes grues blanches dans un vol lent et majestueux.